CfP: Comment le monde du travail transforme les institutions éducatives

Call for papers, deadline 15 November 2017 (in French)

 

Revue suisse de sociologie, numéro spécial 2019, vol. 44(3)

Les institutions éducatives se distinguent en termes de proximité au monde du travail. Alors que certaines préparent directement leurs élèves à un métier ou à une profession spécifique, d’autres offrent une éducation à visée plus générale. Néanmoins, toutes se définissent, de façon plus ou moins explicite, par rapport à une certaine conception du monde du travail. Les compétences transversales et pratiques que les institutions favorisent et les attentes cognitives qu’elles formulent, explicitement ou implicitement, sont liées aux normes sociales contemporaines, telles que l’autonomie, la responsabilité, les compétences sociales et communicationnelles, le contrôle de ses émotions, l’engagement personnel, ou l’atteinte des objectifs, imposées par la tertiarisation du marché du travail (Voss & Pongratz, 1998).

Durant les dernières décennies, les institutions éducatives ont fait de plus en plus face à des exigences d’utilité économique qui ont émergé avec l’expansion continue des systèmes éducatifs et l’accroissement de la compétition entre les économies nationales de l’ère globale (Tomlinson, 2013). Ces exigences ont un impact sur le contenu des programmes de formation. Présentées comme des demandes d’adaptation aux attentes du marché du travail, elles intègrent notamment les compétences personnelles et sociales (Kergoat, 2007). Dans ce contexte, les directeurs et directrices, enseignant-e-s, élèves et familles sont de plus en plus tenu-e-s responsables des conséquences de leurs actions et sont censé-e-s adopter un comportement similaire à celui qui est valorisé sur le marché du travail.

Les institutions éducatives sont aussi réorganisées selon les logiques de la nouvelle gestion publique (NGP). Ces logiques ont changé l’organisation du travail, son contenu, ses divisions et ses conditions. Même les institutions les plus éloignées du monde du travail – jardins d’enfants, écoles primaires et secondaires obligatoires, gymnases et universités – ont, jusqu’à un certain point, adopté un modèle de « quasi-marché » (Felouzis, Maroy, & Van Zanten, 2013). Dans l’actuelle ère de la gouvernance digitale (Dunleavy et al. 2006), les institutions éducatives se focalisent sur la standardisation des connaissances et l’implémentation de systèmes d’assurance-qualité. Par conséquent, les enseignant-e-s ainsi que les directeurs et directrices d’établissement sont conduit-e-s à rendre des compte (Mons & Dupriez, 2010) et à travailler en collectif (Marcel et al. 2007), pour homogénéiser leurs pratiques.

Ces exigences d’utilité économique et ces pratiques de standardisation demandent à être davantage investiguées. L’objectif de ce numéro spécial est d’explorer comment et dans quelle mesure elles transforment les institutions éducatives ainsi que leur impact sur le contenu des programmes d’éducation et sur les expériences subjectives. Cette perspective soulève les questions suivantes :

  • Comment les exigences économiques se présentent-elles dans les institutions et programmes éducatifs? Quelles en sont les conséquences, par exemple en termes de développement de compétences, de prérequis ou de critères de sélection ?
  • Quels sont les principaux moteurs de cette dynamique générale ? Comment les différent-e-s acteurs et actrices (ex : directeurs et directrices, enseignant-e-s, formateurs et formatrices, parents, apprenant-e-s, etc.) se positionnent-elles et ils face à ces transformations ?
  • Comment ces exigences d’utilité économique façonnent-elles et transforment-elles les lieux de travail dans les institutions éducatives ? Qu’en est-il des inégalités sociales dans ces institutions ? De nouvelles formes d’exclusion ou d’inclusion sont-elles produites ?

Les auteurs sont invité-e-s à soumettre des propositions qui explorent les diverses relations entre le monde du travail et celui de l’éducation en se référant à différentes perspectives sociologiques (ex : socialisation professionnelle, production des inégalités sociales ou gouvernance des systèmes éducatifs). Nous acceptons des contributions théoriques ou empiriques utilisant des méthodes qualitatives et/ou quantitatives. Les contributions de tout niveau analytique sont les bienvenues : micro (ex : trajectoires individuelles entre l’école et le travail, expériences subjectives, interactions en classe), meso (ex : logiques organisationnelles, acteurs collectifs), ou macro (ex : politiques éducatives).

References

  • Dunleavy, P., Margetts, H., Bastow, S., & Tinkler, J. (2006). New public management is dead – long live digital-era governance. Journal of public administration research and theory16(3), 467–494.
  • Felouzis, G., Maroy, C., & Van Zanten, A. (Ed.). (2013). Les marchés scolaires: sociologie d’une politique publique d’éducation. Paris: Presses Universitaires de France.
  • Kergoat, P. (2007). Une redéfinition des politiques de formation. Le cas de l’apprentissage dans les grandes entreprises. Formation emploi99, 13-28.
  • Marcel, J.-F., Dupriez, V., Périsset Bagnoud, D., & Tardif, M. (Ed.). (2007). Coordonner, collaborer, coopérer. De nouvelles pratiques enseignantes. Bruxelles: de Boeck.
  • Mons, N. & Dupriez, V. (2010). Les politiques d’accountability. Recherche et formation65, 45‑59.
  • Tomlinson, M. (2013). Education, Work and Identity. Themes and Perspectives. London: Bloomsbury.
  • Voss, G. G., & Pongratz, H. J. (1998). Der Arbeitskraftunternehmer. Eine neue Grundform der Ware Arbeitskraft? Kölner Zeitschrift für Soziologie und Sozialpsychologie, 50(1), 131-158.

Submission guidelines

Please submit your proposal for a contribution to Kerstin Duemmler (Kerstin.Duemmler@iffp.swiss) by 15 November 2017.

Your submission for the special issue should include the following:

  • name, email address, and affiliations of all the authors
  • title of the paper,
  • abstract of around 500 words, structured (topic, aim, methods, results, discussion, conclusion).

The guest editors will decide on the acceptance or rejection of the abstract until 20 December 2017.

Selected authors will be invited to submit their manuscript (max. 8,000 words, 50,000 characters including tables, figures and references) by 1 June 2018. The manuscripts will go through the usual peer-review process of the Swiss Journal of Sociology. Accepted languages are English, German or French. More information about the Swiss Journal of Sociology and the submission process are available in www.sgs-sss.ch/sociojournal.

Publication is planned for November 2019.

For any queries, please contact Kerstin Duemmler at Kerstin.Duemmler@iffp.swiss

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